don't come closer

I don't know you, but I hate you. Will you change my mind?

ian ;

Tu avais terminé un peu plus tôt aujourd'hui afin de te permettre d'aller chercher les médicaments de ta mère. Le médecin n'était pas très loin du QG, et heureusement. Le ciel se couvrait petit à petit. Tu n'avais pas particulièrement envie d'être trempée. Tu marchais d'un pas rapidement, serrant le précieux paquet contre ta poitrine.

Ces derniers temps, ta génitrice était souvent malade. Cela t'inquiétait. Et tu avais fait venir plusieurs fois le médecin. Il ne pouvait pas faire grand-chose, excepté lui prescrire quelques médicaments à prendre. Tu utilisais donc toute ton argent pour payer le loyer, la nourriture et ces remèdes. Te privant de bien des choses.

Tu levas les yeux vers le ciel. Tu n'aimais pas cela. Comme les chats. Être trempée t'insupportait. Alors, tu tournas dans une petite ruelle près du QG des Brigades. Il s'agissait d'un raccourci que tu empruntais rarement. Tu préférais faire le détour, profiter un peu d'être seule et avec tes pensées. Mais pas aujourd'hui. Soudain, tu t'arrêtas. Il y avait un homme plus loin. Et il était suffisamment près pour que tu le reconnaisses. Tu te figeas, plongeant ton regard ambré dans le sien. « Toi? » Ta voix était faible. À peine un murmure. Ian. Comment pouvais-tu l'oublié? Il faisait partie de la même promotion que Karhlya, Alec et toi. Tes sentiments ont toujours été mitigés à son égard, mais en le recroisant à Utopia, dans un bordel, il avait grandement baissé dans ton estime. Depuis, tu l'évitais. Et cela t'arrangeait qu'il ait été transféré au Bataillon. Sauf que... tu te demandais bien ce qu'un soldat du bataillon faisait, justement, près du quartier général.

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ian ;

Il te salut. Il te surnomme Vero comme au bon vieux temps. Et ton corps se tend. Se raidit. « Salut. » Ce simple mot réussit finalement à s'échapper de tes lèvres. Avec difficulté, certes, mais tu avais réussi à le prononcer par politesse. Tu aurais pourtant préféré l'éviter. Ne jamais croiser son chemin. Tu voulais d'ailleurs faire demi-tour, mais il était trop tard. Il t'avait vu. Il te demanda alors si tu allais bien. Tu ne répondis pas, dans un premier temps. Tu l'observes. Tu le juges. Tes pupilles dorées le scrutaient de la tête aux pieds. Tu n'étais décidément pas subtile, mais bon. Tant pis. « Ça peut aller. Et toi? Le bataillon? »

Tu plantas alors ton regard dans le sien, mais tu gardais tes distances. Tu ne voulais pas l'approcher et tu ne voulais pas qu'il t'approche non plus. Tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à ce soir-là. Il était là, assis avec Phoebe. Elle faisait bien son boulot, cette fille. Tu la connaissais un peu, puisque tu rendais souvent visite à Brün. Après tout, tu avais grandi en partie dans ce bordel. Doucement, tu secouas la tête pour chasser cette image de ta tête. « Qu'est-ce que tu fiches ici? » Oui.  Voilà. Changer de sujet était la meilleure idée. Quoique... cela voulait dire que tu lui parlais encore. Qu'il resterait dans ton champ de vision. Et la pluie continuait de tomber, à perler sur ton visage.

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ian ;

Alors, là, tu y étais allée un peu fort. Surtout que tu connaissais Ian depuis des années. Sauf que tu te sentais perdue. Mitigée. Il n'avait pas changé, mais le voir dans un bordel... C'était comme si toute ta perception de lui avait changé à cause de cela. Tu ne savais plus quoi penser à ce sujet, mais le mal était fait. Tu avais été froide et dure, plus que dans le passé. Et puis, la raison de sa venue ici était logique. Plus que logique. Changer de branche militaire n'était pas simple. Il devait certainement y avoir une tonne de paperasse à remplir. Voilà pourquoi il y était. Tu cherchais trop loin, Vero. Tu passas une main sur ton visage, un soupir s'échappant de tes lèvres. « Je vois... »

Il te proposa alors d'aller vous abriter. Ce serait mieux que de rester sous la pluie. Et apparemment, il avait quelque chose à te demander. Aie... C'était à cause de ton comportement, tu en étais presque certaine. Il n'était pas aveugle, Ian. Il devient bien se douter de quelque chose, non? Quelle plaie. Tu le savais, tout simplement à cause du ton sarcastique qu'il employait. « D'accord. Suis-moi. » Et tu avanças dans sa direction pour le contourner, le dépasser, et sortir de cette ruelle. Tu glissas alors le paquet de médicaments à l'intérieur de ta veste pour éviter qu'il ne soit davantage trempé. Tant pis si toi tu l'étais.

Une fois sortie de la ruelle, tu tournas à droite et marchas encore quelques mètres avant de te glisser sous l'auvent d'une boutique qui semblait être fermée. Au moins, vous seriez à l'abri le temps que la pluie se calme. Et tu n'avais pas particulièrement envie de l'emmener chez toi. Surtout avec ta mère qui était là, malade, inquiète à ton sujet. « Qu'est-ce que tu voulais me demander? » Tu fixais la rue devant vous. Tu regardais les autres passants qui essayaient eu aussi de s'abriter de la pluie. Mais quelle journée pourrie.

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ian ;

Tu t'attendais à tout, sauf cela. Il te parlait vraiment de patates là? Enfin, plutôt si tu étais toujours aussi douée pour éplucher des patates. Tu haussas un sourcil et tu lui jetas un coup d'oeil, ignorant si tu devais rire ou s'il était vraiment sérieux. Il ne tarda pas à s'excuser, déclarant que ce n'était pas sa question. Tu étais nerveuse à vrai dire, au point où tu serras davantage le paquet contre ta poitrine. Puis, cela te tomba dessus. Comme une masse. Un poids lourd sur tes frêles épaules.

Tu déglutis. Tu évitais de le regarder. Une amie... Il te considérait comme une amie. Tu étais en quelque sorte heureuse, mais en même temps, il parlait au passé. Il te demanda alors pourquoi tu faisais toujours obstacle à cette amitié qu'il t'offrait. « Je... » Tu te mordis la lèvre inférieure. Aucun autre mot ne sortait. Tu ne savais pas quoi lui dire. Comment t'exprimer sans qu'il ne le prenne mal. Et puis, tu n'avais jamais vraiment parlé de ton passé à qui que ce soit. Ni à Alec. Ni à Karhlya. Ils étaient pourtant les personnes les plus proches de toi. « J'ai toujours eu du mal avec les hommes, tu le sais. » Oui, mais ce n'était pas ce qu'il attendait. Pour une fois, la forte Veronika ne savait plus où se mettre.

Vous aviez fait le camp d'entraînement ensemble. Dormir. Manger. Pourquoi mettais-tu donc toujours une barrière entre vous deux? Tu baissas la tête.  « En fait, il n'y a pas qu'avec toi que je mets une barrière. » En y repensant bien, tu te confiais très peu. Tu ne pensais qu'à une seule chose : réaliser ton rêve. Ton objectif. Et pour cela, tu te privais de bien des choses. De l'amitié. De l'amour. Des joies de la vie. Sauf que tu devais le lui dire. Pour Utopia. Pour ce que tu avais vu. Car cela expliquait ton comportement des derniers temps.  « Et je t'ai vu... à Utopia. Dans ce bordel, avec Dahlia. » Tu le savais pourtant. Ian n'avait jamais de relation sérieuse. Ce n'était que des coups d'un soir. Alors, pourquoi cela t'agaçait autant? Peut-être que tu ne voulais pas qu'il fasse les mêmes erreurs que ton père. Qu'il devienne un homme que tu détesterais.

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ian ;

Ian l'avait bien remarqué. Bien sûr, il n'y avait qu'un aveugle qui ne le remarquerait pas. Sauf qu'il aurait aimé, après toutes ses années, que cette barrière tombe. Tu te sentais mal. Terriblement mal. Car il était blessé. Et le pire dans tout cela, c'était que ce n'était plus vraiment important pour lui. Ces paroles-là te brisèrent le coeur. Au fond, tu tenais à cette amitié qu'il y avait entre vous. Entre Alec, Karhlya et toi. Mais tu gâchais tout. Encore une fois. Tout cela parce que tu n'étais pas capable de te confier. Tout cela parce que tu n'avais que ton objectif en tête.


Oui, et alors? Tu te crispas. Cela n'avait rien à voir avec toi, tu le savais bien. Il pouvait faire ce qu'il voulait. Tu le connaissais pourtant. Et voilà qu'il te demanda si tu étais jalouse. Il allait trop loin là. Et tout cela, parce qu'il ne comprenait pas. Il ne comprendrait jamais. « Je ne suis pas jalouse. Je n'aime juste pas le fait de te voir traîner dans le bordel où travaillait ma mère. » Voilà. Cela tombe. Soudainement. Il fallait maintenant que cela sorte. Tant pis si tu haussais le ton et que l'on t'entendait. Parce qu'au fond, tu avais mal aussi. Tu souffrais depuis toutes ses années. « Oui, je suis la fille d'une prostituée! Et tous les hommes que j'ai rencontrés n'étaient que des salopards! Mon père y comprit! » Tu te retournas alors vers Ian pour lui faire face. « Tu veux savoir pourquoi ça me concerne, tes histoires là-bas? C'est parce que j'ai pas envie qu'un de mes amis devienne comme ces porcs qui m'ont tant blessée! »

Tu reculas d'un pas, une main passant alors sur ton visage. Tu avais l'impression d'avoir couru un marathon. Tout était sorti. Et tu ne savais pas comment il réagirait. Dans tous les cas, ton coeur se serra. Rouvrir les plaies du passé, c'était souffrant. Cela faisait mal. Si mal.

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