Run

Run boy run! They’re trying to catch you
Run boy run! Running is a victory
Run boy run! Beauty lays behind the hills

☾☾C'est arrivé sans que tu puisses y penser. Le mur s'est effondré. Il est parti en fumé. En un clin d'oeil. En une explosion. Et à présent que deux jours sont passés, les choses ont changés. Tu es allée dans le district Karanes. Parce que tu croyais vainement, Opale.
Que ce serait plus simple.
Que les gens seraient moins violents. Tu as vu venir la faim. La peur. L'égoïsme parce que tu connais bien tout ces sentiments humains. En bas, ils sont tous comme ça. Pour la plupart. Ils se battent pour une miette rassie.
Tu le sais.

Aujourd'hui, tu tentes. De sortir de ton trou. De cet endroit un peu à l'écart que tu as trouvé. Tu oses sortir pour chercher à manger. En prenant des petites ruelles, tu espères avoir la paix.
Parce qu'ils sont ici.
Tu ne sais pas pourquoi. Tu as cette impression que ce monde respecte forcément ces hommes et femmes. Ceux du bataillon. Ils représentent toute cette liberté et cette prestance, mais tu oublies. Que le monde ne pense pas forcément comme toi.
Opale, ouvre les yeux.
Tu ne l'as pas vu venir. Tu ne faisais que passer. Il y avait ce petit groupe de personnes qui semblaient s'engueuler. Probablement pour des prix trop élevés à présent. Ou bien pour un refus quelconque. Mais tu ne pensais pas passer trop près. Tu longeais pourtant le mur d'en face. Sagement. L'air de rien. La tête haute.

Tu ne l'as pas vu venir. Cette main qui est venu s'abattre contre ta joue. Violemment. En une seconde. Tu écarquilles les yeux, un peu sonnée. Ils continuent à gueuler. À se pousser. Et tu as juste le réflexe de les esquiver.
Tu trembles.
Tu tentes de fuir, Opale, mais tu ne sais pas pourquoi. Il t'attrape. Il te cri des inepties. Comme quoi tu dois le lui rendre. De quoi il parle ? Tu n'arrives pas à réfléchir. Tu n'arrives plus à respirer correctement. Ton cœur te remonte au bord des lèvres.
« C'est quoi... ton problème... Lâche-moi... Lâche-....moi ! »

C'est tout ce que tu articules.
Tu suffoques.
Et ton seul espoir, c'est lui.

Tu le cherches pour le sortir. Ce couteau.

Run

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☾☾Tu le sens. Ce sentiment électrique qui secoue ton corps. Il va encore te frapper et tu écarquilles les yeux en ratant un battement. Ce battement que tu manques te semble être un millions d'autres avec. Ça fait mal. De suffoquer. De sentir le stress à une telle puissance que tu ne puisses plus respirer.
De l'air.
Tu as fermée les yeux instinctivement. Attendant qu'il te frappe encore, mais rien. C'est la voix d'un autre homme qui te fait rouvrir les yeux. Lentement. Il te tire à lui. Non, tu ne veux pas. Cette sensation t'étouffe. Ta panique t'étrangle. Ce n'est pas réconfortant, loin de là. Tout du moins jusqu'à ce qu'il vienne passer sa main sous tes genoux.
Qu'il te porte.
Sans un mot, tu le laisses faire.

Le sol se retrouve sous tes pieds, mais ta main... ta main reste fermement accrochée à lui. Tu te penches légèrement en avant alors qu'il te demande comment tu vas. Tu serres ta main plus fort, posant la seconde sur ton cœur.
Vainement.
Tes battements te vriller les tympans. Il bat tellement vite. Et tu te sens agoniser. La crise d'angoisse, c'est trop tard pour la fuir.
« De... De l'air... De l'air... J'ai besoin... d'air... »
Tu sais ce qu'il te faut faire, mais tu n'as rien sur toi. Tu ne sais pas comment te calmer. Tu ne sais pas comment retrouver ton calme. C'est la première fois depuis longtemps que l'on te frappe vraiment... cette crise te semble pire que celle d'avant.
Ça te vrille l'estomac.
« Un sac... quelque chose... je fais... une crise de panique... »
Tu sais que tu lui en demandes beaucoup. Il vient déjà de t'aider, mais tu ne peux pas bouger. D'ailleurs tu recules doucement jusqu'à te laisser tomber contre un mur. Ça fait mal de sentir sa respiration se bloquer. Tu lui expliques comme tu peux. Pour qu'il ne pense pas que tu sois blessée.
Ce n'est pas ça.

Run

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☾☾Tu le sens. Cette vague douleur dans la mâchoire lorsqu'il pose ses mains. C'est qu'il n'y est pas allé de main morte l'autre. Ça fait mal, mais tu rouvres les yeux pour le voir. Il t'oblige à le regarder alors qu'il te parle.
Son visage.
Il te dit quelque chose. Tu ne l'aurais pas déjà vu ? À cheval ? Il ne fait pas parti du bataillon ? Tu as déjà regardée le bataillon partir en mission. Parce que tu trouves que c'est les secondes où ils brillent le plus. De cette liberté que tu cherches.
Ils te font envie.

Inspirant longuement, tu cherches ta respiration alors qu'il masse tes mains. Parce que tu te poses des questions sur lui, tu arrives à te concentrer. Plus ou moins. Lentement, tu calmes les battements effrénés de ton cœur.
« Dé... désolée... »
Tu t'excuses. Parce qu'il perd du temps à t'aider. C'est une gêne, tu le sais bien. Toi aussi, tu aimerais passer outre cela. T'en débarrasser, mais ce n'est pas aussi simple. Tu ne fais que te dire qu'un jour. Un jour oui.
Alors tu fuis.
« Je... ça va aller... je suis désolée... je ne voulais pas... vous prendre du temps comme ça... et merci pour votre aide... tout à l'heure. Je ne savais pas vraiment ce qu'il... me voulait. Je n'ai pas compris... »
C'est vrai, tu ne sais pas au final. Ce qu'il avait ce type. Ces types à vrai dire.

Bien que tu sentes toujours ton coeur s'emballer, tu sens le calme revenir. Petit à petit. Peut-être parce que ses attentions t'aident autant que tes questions.

Run

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☾☾Il est gentil. Peut-être par devoir ou par obligation. Tu ne sais guère, mais tu préfères penser qu'au fond, il le veut bien. Ça changerait de ce que tu connais. De ce que tu as vu en bas. De ces gens-là...
Du passé.
Fermant les yeux un instant, tu inspires longuement. Cherchant la paix. Le calme comme tu peux. Essayant de refréner les battements erratiques de ton cœur. Quand tu te sens mieux, tu reposes tes yeux bleu cyan sur lui.
« Non... je ne veux pas vous déranger plus longtemps. Je m'en voudrais de vous obliger à m'accompagner... »
Tu ne sais pas si c'est par gentillesse ou par peur. Pourtant, tu ne peux t'empêcher de vouloir lui demander quelque chose. De vouloir passer une seconde de plus en sa présence.

« Excusez-moi... hm... vous ne seriez pas du bataillon par hasard ?... vous me semblez familier. »
Tu ne t'es jamais approchée assez près pour bien les voir. Tu ne faisais que regarder de loin. Assis sur un toit. Tu ne voyais clairement que les ailes de la liberté. Elles te faisaient envie. Pourtant, ses cheveux te disent quelque chose.
Ses traits aussi.
Tu es certaine qu'il l'est. Que c'est un des soldats que tu admires.
« Désolée si c'est déplacée de ma part de demander... »
Il est imposant quand tu le regardes comme ça. Tu aurais presque peur de le froisser. Non pas que tu craindrais qu'il t'engueule, mais tu aurais peur de le faire fuir.

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☾☾Il t'arrache un sourire. Tu lui en est reconnaissante au fond. De rester ainsi avec toi. De perdre du temps alors qu'il pourrait simplement demander à quelqu'un. De la garnison ou autre. Quelqu'un d'autre pourrait prendre sa place, mais il reste.
Et tu souris.
Il est gentil. C'est ce que tu crois de plus en plus. Peut-être à tort, tu ne sais pas, mais lorsqu'il répond à ta question, tu le crois profondément. Il se présente et on le voit sûrement. Cette lueur d'admiration au fond des yeux.
« Caporal Hodgen, je suis Opale Schmidt. »
Il te semble formel. Trop pour une femme comme toi.
« Vous n'avez pas besoin d'être aussi formel avec moi... je ne suis pas assez distinguée pour cela. »

Tu le dis d'une voix particulièrement douce. Parce qu'au fond, ça ne te dérange pas réellement. Seulement, tu ne te sens pas digne d'un tel ton à ton égard. Tu n'es pas une femme de la cour. Bien qu'il fut un temps où tu étais reine d'un château en ruine.
Délabré.
Il te relève soudainement. Ses gestes sont doux. Tu le sens dans sa main qu'il pose sur ta hanche. C'est sûrement la première fois que quelqu'un te traite avec tant d'égards. Tu ne sais pas comment réagir.
« Merci... et bien sûr, allons ailleurs si vous le souhaitez. »
Tu n'oses pas bouger. Est-ce que tu dois l'éloigner ? Est-ce que tu dois garder sa main dans la tienne ? Ou bien te reculer sans ménagement ? Tu ne sais pas. Tu n'as pas envie qu'il s'en aille. Tu veux lui demander.
« Est-ce que... je peux vous poser une question ?... Qu'est-ce qu'un soldat du bataillon fait de ses journées, quand vous n'êtes pas en exploration ? »
Tu sais ce que font les autres. Si l'on veut, mais pour eux, tu te demandes.

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☾☾Un nouveau sourire. Un peu amer, tu l'admets. Tu imagines que cela fait bien longtemps que personne ne t'as parlé ainsi. En général, tu n'as pas autant de respect à ton égard justement. Tu as perdue l'habitude d'en recevoir.
C'est bête.
« Navrée, ça fait un moment que je n'avais pas eu autant de respect pour moi... c'est assez étrange, je l'admets. J'ai bien plus l'habitude qu'on me demande combien pour une nuit. »
Tu ris. Amère encore une fois. Tu ne comptes bientôt plus le nombre de fois où tu as entendu cela. Ou tu as vu ce genre de personne. Alors rencontrer un homme comme ça c'est assez déroutant.
Tu ne peux le nier.

Cette main reste accrochée à la tienne et sans un mot, tu la laisse là, le suivant gentiment. Il t'emmène à l'écart de la foule. Ce n'est pas plus mal. Tu n'es pas friande des foules dans ta situation.
Ils ne sont jamais loin.
D'ailleurs, tu ne peux t'empêcher de regarder autour de toi en marchant. Tout en l'écoutant, tu prends garde. Aux gens que vous croisez. Aux regards qui se posent sur vous.
« J'imagine que c'est en exploration que vous êtes les plus actifs. Est-ce qu'il y en a souvent ? J'ai vu parfois le bataillon partir, mais je me demandais. »
Même s'ils ne font rien en dehors, tu ne peux t'empêcher de les envier toujours. Même s'ils doivent faire des tâches comme de la simple paperasse.
« Vous faites de la recherche sur... l'origine des titans ? »
Curieuse. C'est bien rare que tu sois aussi curieuse, mais tu ne peux refréner cette envie de savoir. De demander. D'en apprendre plus. De mieux les connaître.
Et lui aussi.
Par extension.
« Désolée... je pose beaucoup de questions. D'ordinaire je ne suis pas aussi curieuse. »

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☾☾Il t'explique et tu l'écoutes. Sans un mot. Seulement avec ce même regard que tu portes toujours sur eux. C'est de l'admiration encore. De la jalousie aussi. Un mélange de beaucoup de choses. Pour autant tu ne peux t'empêcher d'avoir du respect pour eux.
Doux sentiments.
Il y a une chose que tu ne comprends pas cependant. Les haïr... les fuir, tu pouvais le comprendre. Au fond, les gens pouvaient bien penser qu'ils étaient fous. Ceux qui n'avaient pas l'étoffe de sacrifier quelque chose, ne pouvaient pas comprendre en effet. Cependant, les haïr... cela se voit sur tes traits. C'est un brin de colère.
« Pourquoi ?... »
Tu murmures d'abord avant de venir t'asseoir à ses côtés. Tu poses un regard mitigé sur lui.
« Pourquoi est-ce qu'ils vous haïssent ? Je ne comprends pas... Fuir j'imagine que je peux le concevoir... ils ne comprennent pas ce que vous faites, sûrement qu'ils vous prennent pour des fous suicidaires parce qu'ils ont peur. Nous n'avons pas tous l'étoffe pour devenir un soldat, j'imagine... mais vous haïr... »

Tu as beau y réfléchir, tu ne comprends pas. Sûrement qu'il parle de la haine des familles qui perdent un enfant, un frère, un mari. Même ainsi, ce fut leur choix. Personne d'autres qu'eux-même ne l'ont décidés. Ils étaient libres.
Libre d'eux.
À moins d'un meurtre délibéré, le bataillon en lui-même n'y est pour rien. C'est ainsi que tu vois les choses.
« Si personne ne fait rien... rien ne changera jamais. C'est ce que je crois. »
Et tu le sais bien. Si tu n'avais rien fait, Dieu seul sait ce que tu serais aujourd'hui. Probablement une esclave, rien de plus.
Et une mère.
« Disons... que j'admire les personnes qui ne se laissent pas guider par la peur. Ou qui, malgré elle, on le courage d'avancer. Aussi... vous représentez la liberté et c'est une chose que j'affectionne. »
Tu ne sais pas mentir, mais heureusement il n'a pas posé de questions précises. Alors tu peux dire les choses en surface.

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☾☾Soudainement, vous vous retrouvez à vous écouter avec une grande attention. Il t'écoute. Et tu l'écoutes en retour. Cette discussion, elle t'anime. Peut-être parce qu'il y a beaucoup de choses que tu ne comprends pas. Notamment chez les autres. Chez l'être humain en général.
L'incompréhension.
Il semble plus à même de comprendre que toi. Visiblement, il a eu le temps d'y songer. De le voir aussi. Et lorsqu'il te l'explique, tu te sens vague. Étrange. Tu as beau concevoir toute cette peur, tu ne comprends pas ce désintérêt.
« Pourtant ce monde semble si vaste... il paraît si grand malgré ces murs. Il y a encore tellement de choses que nous n'avons jamais vu et nous ne verrons peut-être jamais. Je ne comprends pas comment ils peuvent se contenter de ces murs... »
Ils te paraissent étroits.

Ta voix est sereine. Calme, presque douce. Parce que tu ne juges pas, tu ne comprends vraiment pas. Tout simplement une incompréhension certaine.
« Comment peut-on passer sa vie à se dire qu'elle était belle en étant enfermé sans avoir la chance d'aller ailleurs ? Je comprends que la mort des autres peut leur sembler horrible... ils se contentent de juger cela en ne sachant rien. »
Ils se plaignent, oui. Ils jugent aussi parce que c'est plus simple. Plutôt que d'admettre qu'ils ont peur. Qu'ils n'ont pas le cran d'aller voir dehors. Mais quand l'heure du danger arrive, ils fuient les premiers pour leur vie. Marchant sur les autres.
Pour survivre.
« En étant au festival... je l'ai vu de mes yeux. Ils vous tiennent responsables de la mort des soldats, mais quand ils faut fuir, ils sont les premiers à marcher sur les autres pour sauver leur vie...  ça me semble un peu hypocrite, non ? »
C'est la nature humaine. Tu le sais parce que tu as marché sur les autres pour t'échapper. Pourtant, tu ne peux t'empêcher de voir cela différemment. Tu as marché sur des gens qui ne voulaient pas t'aider depuis des années.
C'est différent.
« Je suis rassurée au fond.... De voir qu'il existe encore des gens comme vous qui sont prêt à se battre pour avoir une chance de sortir d'ici un jour. D'être libre en ce monde et de pouvoir aller n'importe où. Sûrement que quand ce jour arrivera, je serais morte et c'est ce que je trouve le plus dommage... Je n'aurais pas la chance d'aller voir ça moi-même. »

Tu souris.
Brièvement.
Levant une main.
Vers le ciel.