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I - Récemment, plusieurs meurtres ont eu lieu dans l'enceinte du mur Maria. Des témoins disent avoir entendu le son d'une flûte quelques minutes avant l'agression. Coïncidence?
II - En voilà de biens beaux poèmes qui filent dans les recueils et les journaux du mur Sina. Il se dit au détour des ruelles que le nom du poète est inconnu, mais que ses sonnets renferment plus de messages qu'ils ne veulent bien laisser le croire.
III - Il parait qu'un restaurant du mur Rose fait des repas à -50% pour les membres du bataillon... Info ou intox ? L'offre semble néanmoins limitée dans le temps...
IV - On raconte que la Garnison a mis les bouchées doubles pour nettoyer et réparer l'armement des murs des districts de Maria.
V - Il paraît que les soirs de pleine lune, dans l'une des ruelles de Trost, on peut entendre les sanglots d'une femme. Mais lorsqu'on tourne dans la rue pour la rejoindre, ils cessent et la rue est déserte.
VI - Il se dit que des bruits très suspects auraient été entendus dans une vieille maison à l'abandon, du côté de Stohess. Certaines rumeurs disent que la famille qui vivait là a été sauvagement assassinée il y a plusieurs années et qu'ils hanteraient encore les lieux ...
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Si ton père te voyais " ft - Nano"
Invité
Invité
Anonymous
Ven 14 Déc - 10:02


Si ton père te voyais
Avec Nano - An 830


"Charlie, tu peux aller me chercher de la farine?" Tout avait commencé comme ça. Je ne sais plus exactement quand, un matin, ça c'est sûr. En général, ma mère essayait de préparer une fois par mois un gâteau. C'était l'événement à la maison. Le sucre, on ne le voyait passer que rarement alors pour ne pas le gaspiller, elle le mélangeait dans le plus d’ingrédients possibles pour en avoir assez pour moi et les autres. La farine, il fallait la demander au grosseur, qui en général attendait toujours un petit truc en retour. Je n’ai jamais su quoi. Vu que j’avais onze ans, ma mère m’envoyait toujours histoire que je pose un petit sourire et qu’il nous fasse une ristourne après avoir ébouriffé mes cheveux. Dans le souterrain, tout le monde dit toujours, t’as de la chance, t’es un gamin. Je pensais juste que c’était parce qu’avec nos frimousses, on nous laissait tout passer. Je suis parti chez Gousto. Comme d’habitude, avec mes chaussons en laine que maman avait déjà reprit deux fois. Je les aimaient bien, ils étaient à moi et ils permettaient de ne pas trop sentir le contact rugueux avec le sol. Gil elle, elle marchait tout le temps pieds-nus. Résultat, elle avait toujours le nez qui coule. Enfin c’est ce que dit ma mère, et c’est pour ça que j’ai eut mes chaussons. J’ai dit merci à Gil pour son nez qui coule et elle m’a répondu « Idiot », mais j’ai bien vu comme elle regardait mes chaussons.  
Chez Gousto, il y a toujours la file d’attente, mais comme tout le monde en haut ne regarde jamais en bas, je me débrouille toujours pour passer entre leurs jambes. Ce matin, c’est du grand n’importe quoi. Et les gens semblent pas contents du tout. Je vois Gousto de loin qui a les mains en l’air en signe d’excuse. " Tout est parti ce matin, j’ai reçu une commande exceptionnelle, revenez dans deux jours, les stocks seront pleins ! Et de produits frais en plus ! ". Il n’y aurait pas de rations aujourd’hui. J’entends quelqu’un murmurer devant « C’est encore tout parti pour l’armée à coup sûr. » Un autre qui dit rageusement » le gouvernement veut nous tuer à petit feu, c’est les passeurs qui ont fait le coup », Pour moi, c’est du charabia, mais mon monde vient de s’écrouler. Plus de rations, plus de farine. Pas de farine, pas de gâteau. Pas de gâteau, pas de sucre. Je commence à tourner le dos avec quelques larmes que je sens couler malgré moi et le ventre qui gargouille. Derrière moi, une femme lance « Je suis sûr qu’il garde tout en arrière-boutique ».
L’arrière-boutique ! J’ai déjà vu des gens y entrer. Je sais que ça ne se fait pas, mais mon ventre parle plus fort que ma tête. J’imagine déjà le goût du gâteau dans ma bouche. Il est trop tôt. Vu qu’il va fermer pour rupture, il n’y a qu’à attendre qu’il parte, le Gousto et ce sera bon. Je me rapproche de la foule alors que tout le monde se tourne le dos. J’emboîte le pas du grosseur comme si j’étais son ombre, mes chaussons ne font aucun bruit sur le sol, et pour le coup, j’ai une raison de plus de les aimer. Il ne m’entend pas et ne me sens pas derrière lui. Quand l se retourne sur sa gauche pour fermer, je glisse à droite et vais me cacher derrière une étagère. J’attends une bonne demi-heure en silence, avec le cœur qui tambourine un peu. C’est terriblement excitant. Quand je n’entends plus rien depuis une bonne dizaine de minutes, je sors. On y voit comme à travers une pelle, alors j’allume. Elle avait raison la dame, il y a pleins de choses en arrière boutique. Et la farine est là, sur les meubles du haut. Je suis trop petit alors je grimpe, attrape le paquet. En descendant, mon pied rate la dernière étagère et je tombe. Le paquet s’ouvre et je respire de la farine. Je tousse et là, je panique. Ce n’est plus excitant du tout, j’ai peur.
Je fonce vers le toit, il y a toujours une fenêtre que l’on peut ouvrir de l’intérieur. Le paquet refermé tenu précieusement contre moi, je ressors. Je marche la tête baissée, un peu vite. On me traite de petit fantôme et quand je regarde mes vêtements, je suis tout blanc. Je m’époussette avant d’arriver devant ma mère et lui tend le fruit de mon larcin avec fierté. Tout le temps de la préparation, je suis resté à côté d’elle pour sentir le chaud et l’odeur de la cuisson. Je repars avec un bisou sur le front et les bras pleins de petits cookies. C’est double surprise, elle avait du réussir à cacher du chocolat depuis un moment.
Dehors, ils sont déjà tous là, les yeux brillants, en hurlant à travers la fenêtre, merci Nano ! Le rituel, c’est sacré, tout le monde vient un par un et il y a pile le nombre pour tout le monde. Je sais pas comment elle fit ma mère, c’est une magicienne de la cuisine je crois. On s’asseoit en cercle par terre, on raconte ce qu’on va faire après et on déguste, bouchée par bouchée pour en avoir plus longtemps. En pleine discussion avec Babeth, je vois du coin de l’oeil Gousto qui débarque. Mon coeur recommence son manège. Je baisse la tête et me fond dans la masse. Il repart un quart d’heure plus tard et je vois ma mère qui sort sur le palier. Elle, elle me trouve direct parmi les autres enfants. Je me résigne et me lève. Je tente le coup de la démarche penaude, je crois que si j’arrive à elle en pleurant avant qu’elle n’ouvre la bouche, j’aurais deux fois moins de chance de me faire tuer. Mais je n’y arrive pas, j’ai déjà pleuré ce matin devant chez le grosseur.
Elle ne dit rien. Elle a juste l’air en colère. Je rentre, je sais qu’elle aime pas faire de scène dehors. « Tu n’as rien à me dire ? » Je hoche la tête de gauche à droite. « Si ton père te voyais » Je ne sais pas pourquoi, mais quand elle dit ça, je ne me sens plus coupable, ni triste, même pas la peine d’imaginer pleurer, Je la regarde dans les yeux, et je lance « Mon père, il m’a jamais vu. Et Gus dit que c’est juste un gros con de riche qui vient pour te toucher ! ».
J’ai prit une tarte, et cette fois, ce n’était pas un gâteau. Je suis parti en courant. C’est la première fois que je volais, je n’ai plus jamais arrêté, sauf que depuis, je ne me suis plus jamais fait prendre.

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