Elle est si légère. Tu la sers contre toi, étrangement, alors que tu as cette réputation – justifiée – d’être plutôt brut de décoffrage, de donner dans la violence, cette fois, tu es prudent, précautionneux, comme si elle était faite de cristal, comme si tu pouvais la briser au moindre faux pas. Tu soupires lorsqu’elle se blottit contre toi, tu t’étais mis à avancer, tu étais même déjà sorti de la cuisine et pourtant, en sentant ses bras autour de toi, tu t’arrêtes à nouveau. Tu restes parfaitement silencieux. Fait chier … n’est-ce pas ?

Tu te dis qu’il faut vraiment que tu la déposes. En réalité, tu cherches un moyen de fuir maintenant. Et pourtant, tu n’as réellement envie de te dégager de son étreinte. Alors tu souffles légèrement, et tu te remets à marcher. Tu te diriges vers les dortoirs, tu trouves une chambre libre, inoccupée, il y en a toujours, et puis tu viens la déposer, délicatement sur le lit. Tu te dégages de ses bras, sans geste brusque. Tu t’éloignes, juste un peu et ses doigts passent le long de sa joue que tu effleures tout doucement. Elle ne verra sans doute rien dans la pénombre, mais un sourire passe sur ses lèvres.

« Bonne nuit … soldat. »

Tu ne lui as même pas demandé son prénom … mais en même temps, c’est pas comme si tu ne comptais plus la revoir, n’est-ce pas, Hodgen ?